Traverser le deuil

La PETITE FLEUR

Dans un jardin, une petite fleur toute frêle poussait, poussait devenant de jour en jour, plus belle et pleine de grâce.

En ce 15 janvier 1990, je couche à La Mure où Maman est hospitalisée. En pleine nuit la sonnerie agressive du téléphone retentit.

– Maman ! d'un bond, je décroche.

– On vous parle de l'hôpital de Rouen.

– De l'hôpital de La Mure, repris-je.

– De Rouen. Je vous passes Mme D.

Au bout du fil, la voix étranglée de ma fille : "Déborah est morte." et elle raccroche. Je saurai plus tard qu'elle a été fauchée par une voiture alors qu'elle allait chercher du pain.

Déborah! ma petite-fille de 9 ans, si radieuse, toujours en train de fredonner, pétillante de vie – elle qui répondait à sa maîtresse: "Plus tard, je veux être directrice de l'école de Mens".

Tout est fini. Je ne pleure pas mais arpente la pièce en un va-et-vient, rapide et saccadé.


Brusquement une pensée: ses frères!

Comment me croiront-ils lorsque je leur dirai comme d'habitude en les quittant à la fin des vacances "Soyez sans crainte. Dieu vous garde". Que répondre à leur "pourquoi"?

Passant pour la nième fois devant la table, j'avise mon bloc de papier à lettres, m'assieds brusquement, me saisis du stylo et écris d'une seule traite :


Dans un jardin, une petite fleur toute frêle poussait, poussait devenant de jour en jour, plus belle et pleine de grâce.

Le jardinier veillait sur elle, chassant l'escargot gourmand, le gros bourdon menaçant et les petits galopins aux doigts agiles.

Puis un jour, avant qu'elle n'achève de grandir et ne perde son innocence, le jardinier s'est penché sur elle... D'un coup bref, il a tranché la tige et a emporté la fleur dans sa maison.

Une maison si belle qu'on ne peut l'imaginer, une maison où les fleurs jamais ne se fanent, revêtues qu'elles sont d'une laque de lumière.

Et depuis ce jour, pour l'éternité, elle réjouit les yeux de son maître.

Bien sûr, voyant cela, les autres fleurs du jardin, surtout celles qui vivaient si près d'elle et qui l'aimaient si fort, ces autres fleurs n'ont pas compris et inclinant leur lourde tête, laissent tomber une à une leurs larmes de rosée, mais parfois aussi, laissant éclater leur coeur gros de colère, elles osent reprocher au jardinier de ne pas avoir éloigné ce vilain sécateur, lui qui toujours veillait...

Que faisait-il ce jour-là ?

Elles ne savent pas les pauvres fleurs ou bien ne veulent pas savoir qu'elles sont créées pour faire la joie de leur créateur et qu'un jour, elles aussi, fleur en bouton, fleur épanouie, fleur fanée ou fleur désséchée leur tour viendra...

Mes chéris, nous sommes les fleurs du Seigneur. Il prend soin de nous, mais parfois en cueille une. Qui oserait le lui reprocher?

Pourquoi celle-ci ou celle-là ?

Nous ne savons mais lui, il sait. Il FAUT lui faire confiance.

Notre Déborah est auprès de lui, quelle joie pour elle qui l'aime tant!

Si nous aussi lui appartenons, acceptant d'être "une fleur de son parvis" lorsque sonnera notre heure, nous la retrouverons et ce sera la fête, l'extraordinaire fête avec le Christ ressuscité et pour l'éternité.

Jésus n'a-t-il pas dit : "Père, je veux que là où je suis ceux que tu m'as donnés soient aussi avec moi afin qu'ils voient ma gloire" Jean 17 v 24.

CROYEZ-LE.


Après ces derniers mots, avec un grand calme, je relis ce que je viens d'écrire ... Alors, une paix profonde, extraordinaire me remplit – qui ne m'a jamais quittée, ni pendant les journées horribles en Normandie, ni pendant le départ de Maman 15 jours plus tard, de mon mari en juin, et de mon gendre en décembre.

Bien sûr, que de fois, mon cœur s'est serré, les larmes montaient mais jamais je n'ai oublié l'Espérance que ce texte avait gravé au plus profond de mon être, tel ce mot "Résister" qu'une certaine Marie Durand, la huguenote avait gravé sur la margelle du puits pendant sa captivité dans la tour de Constance et qui se présentait si souvent à mon esprit.

Faire confiance – Espérer – Résister. Telle a été pour moi la réponse en cette année de deuils.

Je la partage, aujourd'hui, avec tous ceux qui en ont besoin.

Il n’a PAS Changé (2008)

J'ai vécu mon enfance dans un contexte assez difficile, qui a engendré certaines souffrances. Je vivais dans un quartier pas très réputé. A l'école à la récréation, j'étais pris à parti, et je me battais. Mon environnement familial présentait aussi des instabilités.

Mes parents avaient été croyants, mais chez moi on ne priait jamais, on n'allait jamais à l’église, on ne parlait jamais de Dieu. Dieu avait été en quelque sorte oublié dans cette famille.

J'entendais parler de Dieu principalement durant l'été dans des colonies chrétiennes qui se déroulaient dans le Trièves. C'était pour moi comme des rayons de soleil.

Ainsi dès mon très jeune âge, j'avais la conviction que Dieu existe, que le Christ est mort pour les péchés du monde, et qu'en tous temps je pouvais m'adresser à lui.

En 1990, à l'âge de 10 ans, j'ai perdu 4 membres de ma famille: en janvier ma petite sœur de 9 ans, en février ma mamie, en juin mon grand-père chez qui je passais toutes mes vacances , et en décembre mon père.

Sans la consolation et la force de Dieu, je n'aurais pas traversé toutes ces épreuves avec une telle paix.

Souvent le malheur nous pousse à crier à Dieu. C'est à ce moment qu'on réalise que Dieu nous entend et qu'il répond. Il ouvre un chemin, là où tout semble impossible.

Face à la situation familiale que je vivais, mon institutrice m'a prédit que j'allais certainement redoubler ma 6ème ou ma 5ème. Pendant qu'elle disait cela, j’ai prié intérieurement: "Seigneur, fais que je ne redouble pas jusqu'à ma terminale."

Dès l'année suivante, je suis allé vivre chez ma grand-mère. J'ai oublié cette prière, mais Lui, il n'a pas oublié. Il m'avait exaucé au mot près. Les années qui suivirent, j'avais toujours une certaine foi, mais je laissais Dieu à l'écart de ma vie.

En 1997, malgré les résultats corrects de ma terminale, j'ai curieusement échoué à mon baccalauréat. Face à l'échec, j'ai eu une phase de remise en question: ma vie avait été correcte pour les autres et à mes propres yeux, mais je réalisais que si je devais me présenter devant Dieu, mon cœur serait mis à nu et je ne passerais pas l’examen final de Dieu. La conséquence serait bien plus grave que l’échec au bac, et de plus sans rattrapage.

L'appel de Jésus résonnait comme tout à nouveau à la porte de mon coeur: "Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie, nul ne peut venir au Père que par moi."

La prière de mon enfance m'est ensuite revenue et j'ai pris conscience que Dieu est un Père qui se soucie des moindres détails de ma vie.

J'ai décidé de m'engager avec Dieu par le baptême en 1997.

Par la suite, Dieu m'a guéri des souffrances liées à mon enfance et a changé la conception assez sombre que j'avais de la famille. J'ai compris que dans toutes les situations, Dieu ne m'avait jamais abandonné, et qu'Il était toujours là.

Aujourd'hui je suis marié, j'ai deux magnifiques enfants et je vis quotidiennement la Joie et la Paix de Dieu.

L'histoire suivante m'a souvent interpellé et encouragé:

Une nuit, un homme réva qu’il marchait en compagnie de Jésus, sur la rive. Il remarquait une double trace de pas dans le sable, la sienne et celle de Jésus.

Quand la dernière image s’effaça, il repensa aux traces de pas et s’aperçut qu’à diverses reprises, le long du trajet, il n’y avait qu’une ligne de pas dans le sable. Il se rendit compte que cela correspondait aux moments les plus sombres et les plus tristes de sa vie. Il s’adressa à Jésus: « Seigneur, dit-il, tu avais dit que tu m’accompagnerais tout le long de la route mais je constate qu’aux heures les plus pénibles de ma vie, je ne puis voir qu’une seule série d’empreintes sur le sable. Je ne comprends pas qu’aux moments où j’avais le plus besoin de toi, tu m’aies délaissé».

Jésus répondit: « Mon enfant, je t’aime et je ne saurais t’abandonner. Aux jours d’épreuves et de souffrances, quand tu ne vois qu’une trace de pas, c’est qu’alors je te portais! »


La bague perdue

Nous rentrons de la fête des églises dans les maisons. J’ai pris place dans la voiture de mes petits-enfants et ma valise confiée à Kathia qui prolonge la fête par le week-end chez son amie.

Tout-à-coup, un cri « Ma bague ! ». Je me revois jeter dans la corbeille à papier un étui de mouchoirs utilisés. C’est bien là que j’avais caché ma bague sous des mouchoirs chiffonnés. J’explique mon émoi. Nous sommes trop loin pour faire demi-tour. Jiapei a l’idée de téléphoner à Daniel et Maguy. Ils sont encore au centre et cette dernière va fouiller avec l’aide de la personne chargée du ménage, la grande poubelle où ont été versé les corbeilles des chambres. Un coup de téléphone : elles n’ont rien trouvé. Encore un espoir, Kathia mise au courant va la chercher ce soir dans ma trousse de toilette ! Deuxième coup de téléphone : les deux amies ont retourné toute ma valise mais toujours rien.

Je suis attérée, je me couche comme frappée par un deuil cruel et demeure désemparée tout le lendemain. Enfin, un brin de lucidité : Est-ce raisonnable de me mettre dans un état pareil pour une bague ! Il est vrai que ce n’était pas n’importe quelle bague. C’est celle que, dans la famille de mon père, la mère donnait à son fils aîné le jour de son mariage et ceci depuis des siècles ! Mais quand même... pourquoi Seigneur un tel chagrin ? Je réalise alors que je ne Lui avais adressé aucune prière à ce sujet – même constat chez mes « petits » . C’est étrange... « Pourquoi Seigneur, tout ça ? ». Une question me vint à l’esprit. « Ai-je vraiment eu confiance en Lui en emportant cette bague ? puisque je Lui confie ma maison en partant, elle y était en sécurité » - Pardon Seigneur –

Puis je me revois, contemplant cette bague que je ne quittais jamais autrefois et murmurant comme une gamine « Bien fait ! C’est moi qui l’ai ! ». Il faut savoir que mon père, fils aîné, a été complètement rejeté par sa famille lorsque ma mère, simple employée des postes a refusé la vie fastueuse en Egypte. Le couple regagna les montagnes des Alpes pendant que le beau-frère, banquier au Caire, ruina complètement mon père. Son suicide tira un trait sur cette famille et me priva de lui. Je n’ai connu ce drame que tardivement. J’ai donc passé ma jeunesse à rêver de l’Egypte. La déception fut grande et douloureuse, puis se changea en colère, en haine et laissa en moi, une lie d’amertume dont je n’avais même pas conscience. Alors j’en ai fait un gros paquet que j’ai déposé au pied de la croix. Ouf ! Quelle liberté ! Merci

Seigneur ! Me vint alors l’idée que je la retrouverai peut-être le jour des noces de l’Agneau ! pensai-je. Lorsque que je récupérais ma valise, je tardais, par négligence, encore deux jours avant de l’ouvrir. Je pris ma trousse... ma bague était là ! J’en suis abasourdie mais c’est tout tranquillement que je la rangeais et c’est sans émotion que je l’ai transmise à qui elle revenait.

Acceptons le coup de flash de l’Esprit qui met en lumière le fond de notre âme...

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