PESSAH

L'ombre des choses à venir

Survol de la fête

Le levain

Revenons sur cette recherche du levain par le père de famille, avant le début de la fête.

Pourquoi tant de sérieux, de temps passé, d’importance donnée à ce levain nécessaire pour faire lever le pain ? N’y aurait-il pas un sens plus profond ?

Mais au fait, qu’est-ce que le levain ? De la simple levure, une poudre que le boulanger ajouterait à la pâte qu’il pétrit comme la mère préparant un gâteau ?

Et si nous suivions le parcours du levain dans la fabrication du pain ! Je pense évidemment à cette activité qui occupait toute la famille… Il y a 45 ans dans la ferme de mes beaux-parents.


La veille au soir, Emma prépare le levain. Elle sort d’un pot en terre un peu de pâte de la fournée précédente pétrie il y a 15 jours. Dans un coin du pétrin, elle émiette cette pâte sèche, puis ajoutant peu à peu eau et farine, elle malaxe le tout, obtient une boule qui va passer toute la nuit enfermée dans le pétrin où elle ne va cesser de fermenter.

C’est le levain.


Le lendemain matin, son frère arrive, il ajoute au levain eau et farine, pétrit de ses bras vigoureux la pâte nécessaire pour 15 jours de pain. Il approche alors la pile de « paillasses », ces corbeilles plates, tressées par le père, en paille de seigle, les soirs d'hiver. Il divise alors la pâte en pâtons, un pour chaque corbeille, qu’il recouvre d’un torchon. Au bout de quelques heures, les pâtons ont le volume du pain levé. C’est alors que la mère prélève un peu de pâte et l’enferme dans le pot de terre pour la prochaine fournée. Le père qui a chauffé le four en y brûlant des fagots, se charge de la cuisson. Le levain, à l’origine de la fabrication du pain qui demeure continuellement présent dans la pâte et qui, évitant la destruction par la cuisson, gardé et transmis de fournée en fournée, fait fortement penser à l’hérédité dans la transmission de la vie humaine. Essayons la comparaison.

  1. Première étape en lieu fermé.

Pour le pain, tout commence par l’émiettement du levain donnant une boule enfermée dans le pétrin où s’effectue un intense travail de fermentation, pendant toute une nuit.

Pour la vie humaine, tout commence aussi par la confection d’une boule: les 23 chromosomes réciproques de l’homme et de la femme qui viennent de s’unir, libèrent leurs gènes qui s’affrontent, les « dominants » neutralisent les « récessifs » , puis donnant une cellule enfermée dans l’utérus de la femme. Commence alors un intense travail, la cellule se divise, chaque partie continue le processus en se diversifiant pendant 9 mois, pour donner un embryon puis un fœtus.


  1. Deuxième étape - On ouvre le pétrin

La naissance du Bébé


  1. Troisième étape - A l’air libre

Comme la boule de pâte recevant eau, farine et sel et même en fantaisie, noix et graines variées avant d’être façonnée en pâtons, le bébé devenant enfant puis pré-ados, reçoit tout ce qu’il lui faut : nourriture, soin, éducation, amour, mais aussi, hélas ! contrariétés, souffrance, chagrin voir maltraitance. Comme le pâton caché dans sa paillasse pour prendre le volume d’un pain, l’adolescent s’enferme, s’isole, se transforme en un jeune adulte, prêt à transmettre à la génération future, ses chromosomes « enrichis » de tous les aléas de sa vie.

Ainsi va l’hérédité de génération en génération comme le levain de pain en pain.


Quelques réflexions s’imposent.

Tout comme le levain est présent continuellement dans la pâte qu’il fait lever, l’hérédité et les souvenirs du passé influencent le comportement de la vie présente, le plus souvent à notre insu. Un exemple: Je regardais les informations émises depuis Tel-Aviv, tout à coup, la sirène retentit. Rien de plus banal de nos jours...pourtant j’ai été prise aussitôt d’un tremblement incontrôlable. C’était bien une alerte en direct, en temps réel et lorsque je vis les missiles au-dessus de la ville, je me suis revue à l’entrée des abris, sous la Bastille, figée, à regarder les bombes tomber sur Grenoble il y a quelque 75 ans. Mon tremblement a duré plusieurs minutes ! Bien enfoui au fond de moi, le passé a ressurgi.


Revenons à la Pâque.

La scrupuleuse recherche du père de famille avant de célébrer la liberté retrouvée, nous incite nous chrétiens à avoir, le même soin, la même honnêteté, sans compter le temps passé pour débusquer tout ce dont nous avons hérité de nos ancêtres, tout ce qui a pu marquer nos vies négativement. C’est un ordre formel de l’Eternel « On ne trouvera chez vous aucune trace de levain » (Deutéronome 16 v 4) c’est ce que font les juifs avant la fête ... Nous, chrétiens, nous nous contentons lorsque nous pensons à nos fautes, à notre passé, d’une courte prière de repentance tellement souvent répétée. Il nous faut prendre au sérieux cette injonction de se débarrasser du vieux levain. Cette « fête » est l’ombre des choses à venir... La réalité est en Christ (Colossiens 2 v 17). Ce levain à chasser est le signe de ce que le Seigneur nous demande aujourd’hui, chercher et rejeter pour toujours les gènes détestables, hérités et les souffrances précédant notre décision de changer de royaume: les problèmes définitivement réglés qui ne pourront plus servir d’excuse à nos comportements incohérents avec notre foi. Il peut être nécessaire de se faire aider dans cette recherche, les frères et sœurs sont là et leur prière bien utile mais quelquefois insuffisante, il faudra alors l’intervention d’un psychologue - chrétien de préférence - peut-être aussi d’un ministère de délivrance pour une libération totale. Nous ne pouvons rien faire par nos propres efforts, le Seigneur, Lui peut tout... Il suffit de bien vouloir l’appeler lorsque l’ennemi nous souffle que nous sommes toujours esclaves. Le levain a été brûlé, c’est sans retour possible.

Revenons aux 6 jours de la fête du pain sans levain, cette durée est étonnante. Ne représenterait-elle pas, pour nous chrétiens, une sorte de temps de deuil, après avoir rejeté définitivement notre levain. Il a fallu abandonner des habitudes qui nous paraissaient indispensables... Ce sont des renoncements parfois douloureux, même physiquement lorsqu’il s’agit d’addictions. Il faut s’habituer à ce changement de vie... Mais c’est aussi le temps de voir s’épanouir nos qualités sous l’action de l’Esprit du Père... le temps de devenir une nouvelle créature. Encore une remarque : Si nous plaçons un pain azyme (Une Matzah) à côté d’un beau pain du boulanger, ce dernier est tellement plus appétissant, doré et odorant à souhait. Le levain est donc l’agent qui donne une belle apparence pour provoquer l’admiration de tous, la capacité de satisfaire tous les appétits, la force de tout endurer pour vivre sa passion, tout ce qu’il faut pour flatter l’égo humain... Tel est le symbole du levain. Cela voudrait-il dire que le rejet de ce levain conduit à être terne, sans personnalité bref un triste chrétien ? C’est de tout ce qui a laissé en nous une mauvaise empreinte dont il faut se débarrasser. Le Seigneur sait faire le tri, respecte nos qualités, nos talents et par son levain à Lui, nous façonne pour son royaume et loin de la vaine gloire du monde, la joie et la paix constante combleront nos vies.


Autre lumière

Ce rapprochement du levain et de l’hérédité peut, peut-être éclairer ce verset qui laisse perplexe (Exode 20 v 5) « Je punis les fils pour la faute de leur de leur père jusqu‘à la 3ième génération » 2 possibilités s’offrent à nous : Le verbe « Paquad » traduit par punir signifie en priorité : Chercher, visiter, examiner, contrôler. La fin du verset appelle l’idée d’hérédité, on pourrait traduire : « Je cherche chez les fils, les petits-fils la faute de leur père. » Si l’on garde le verbe « punir » dans la traduction, on peut sous-entendre : « Je punis parce qu’ils ont conservé cette hérédité. L’injustice suggérée par ce verset est ainsi balayée car les descendants n’ont pas brûlé ce levain : la faute de leur père.


Note : Ce levain à rejeter concerne les fautes, les péchés, les possessions démoniaques, les déviances de toutes sortes (occultisme, addictions etc..) mais pas toujours toutes les maladies héréditaires, dont le miracle de guérison, seul, peut délivrer.